Lors d’une escapade sur la côte Normande, à Varengeville, sur la plage de la valleuse de Vastérival, j’ai trouvé un caillou « lourd », dans une cuvette sur la plage rocheuse, au milieu des des galets de silex, typique de cette région calcaire…
elle fait 8,5cm de haut sur 6,5cm de large avec une épaisseur de 5cm et tient dans la main … L’intrigue, c’est son poids : 780gr !
Nul en géologie, j’ai commencé à fantasmer… ce pouvait être un boulet de canon roulé par la mer ou une météorite…?
Elle a quand même fière allure, non ?
Bref, je prends mon clavier et me voilà parti dans les méandres géologiques d’Internet…
Les réponses ne ce sont pas fait attendre…
– sûrement pas un boulet de canon,beaucoup trop petit et léger.
– ça me fait penser à une boule de pétanque,sur une plage en plus
c’est largement plausible…
– Vu les dimensions de l’objet, les 780g donneraient une densité de 2,5 à 3. C’est un peu léger pour un minerai ferrique… etc…
De plus, il n’y avait aucune réaction à l’aimant…
Bref, n’y tenant plus, je me suis déplacé à Bruxelles, au Musée des Sciences Naturelles, section géologie… des pros…
Ils ont d’abord cassé un petit morceau puis l’ont placé dans un appareil pour en voir la composition et la comparer avec des étalons…
Comme ça ne donnait rien d’extraordinaire, sans doute dû à la petitesse du fragment, j’autorisai le scientifique à casser un morceau plus important…
Là, plus besoin d’appareillage, le diagnostique fut immédiat :
FeS2
Soit Marcassite/Pyrite… du sulfure de fer typique de cette région
Un autre spécialiste, qui avait mis un commentaire sur le site de Wikipedia à propos de la Marcassite et que j’avais contacté, me répondit longuement et je l’en remercie (pour les puristes et les autres) :
Bravo pour votre trouvaille. Le nodule que vous avez ramassé à Varengeville, d’après vos photos, semble, selon moi, être bien un nodule de sulfure de fer.
Plus particulièrement un nodule de pyrite fibroradiée et non de marcassite, bien que la majorité des personnes, même averties, nomme improprement ces nodules de suffure de fer fibroradiés « marcassite ». La confusion est tenace et tout le monde vous dira que c’est de la marcassite…
Cependant comme l’explique André Holbecq, minéralogiste chti amateur mais averti, et de nombreuses autres sources plus sérieuses (voir discussions Wikipédia pour ces sources), la majorité des nodules de sulfure de fer fibroradiés que l’on trouve en Normandie, Champagne, Picardie, Pas-de-Calais… sont de la pyrite. Il n’y a guère qu’au Cap Blanc Nez que la marcassite vraie se trouve plus fréquemment. Le caractère fibroradié à l’intérieur des nodules (entre le centre et la pellicule noire extérieure – qui selon les spécialistes est soit de la limonite, soit de la goethite-) se rencontre aussi bien dans les marcassites que dans les pyrites d’origine sédimentaire. Le caractère fibroradié n’est donc pas un critère de distinction entre les deux espèces minérales.
Ce qui par contre est un bon indice visuel de la nature minérale, ce sont les formes cristallines à l’extérieur des nodules (pseudomorphosées en limonite) ainsi que celles au coeur des nodules. On observe en effet au centre très souvent de très petits cristaux cubiques ou octaédriques, voire plus rarement dodécaédriques et à l’extérieur dans les meilleurs cas, de plus gros cristaux cubiques, des pyramides à base carrée plus ou moins étirées, des portions d’octaèdres ou des sommets en trièdre dérivés du système cubique. Toutes ces formes cristallines complexes et rarement très nettes sur les échantillons appartiennent au système cubique, ce qui permet de parler de pyrite et d’exclure la marcassite, sans même soumettre des échantillons des nodules à la diffaction des rayons X. Par ailleurs toutes les analyses effectuées par Paul Tambuyser en 1976 et par d’autres spécialistes plus récemment confirment effectivement que presque tous ces nodules de sulfure de fer d’origine sédimentaire sont de la pyrite fibroradiée et non de la marcassite. Le caractère fibroradié est la conséquence d’une sélection de la croissance des cristaux dans une seule direction.
Ce qui me permet sur votre échantillon d’avancer l’identification pyrite, ce sont les cristaux cubiques (ou à base carrée, la photo est floue et l’échantillon assez érodé) qu’on observe sur la zone un peu à gauche de la première photo si je me trompe pas. Par ailleurs, tous les sulfures de fer du pays de Caux que j’ai vus pour l’instant sont tous de la pyrite fibroradiée. André Holbecq constate la même chose. Les formes cristallines typiques de la marcassite (fers de lance, associations cycliques, groupements en crête de coq et en sapin, brachydômes…) sont absentes de tous les échantillons champenois et normands que j’ai observés. Je n’ai prospecté que la Champagne, le Cap Blanc Nez, certaines zones de la vallée de la Loire et le Sud-Ouest de la France pour l’instant, mais j’ai eu souvent l’occasion d’observer et d’utiliser de la pyrite fibroradiée normande grâce à un ami qui en ramasse, comme vous, le long des falaises du pays de Caux. Ce qu’il y a de particulier visiblement à ces nodules normands, c’est qu’un nombre un peu plus important d’entre eux, par rapport aux autres régions, ne sont pas fibroradiés mais constitués entièrement de petits cristaux cubiques.
Vous me posiez la question de l’utilité? Et bien les animateurs-expérimentateurs en préhistoire, dont je fais partie, se servent tous de nodules de pyrite fibroradiée pour allumer le feu par percussion (en réceptionnant les étincelles sur de l’amadou, partie supérieure orangée et cotonneuse du champignon polypore nommé amadouvier, Fomes fomentarius de son nom latin). Mais tous appellent leur pierre à feu « marcassite » par méprise. La marcassite vraie fonctionne aussi mais personne ne l’utilise en réalité. Pour deux raisons : elle est rare et il est dommage, pour les personnes qui en possèdent, de casser des nodules présentant de si jolies formes cristallines en surface. Par ailleurs, en ce qui concerne les nodules de pyrite d’origine crayeuse comme le vôtre, les formes non-fibroradiées fonctionnent aussi bien que les formes fibroradiées. J’allume d’ailleurs le feu en ce moment avec une pyrite non fibroradiée, mais à petits cristaux cubiques, des falaises du pays de Caux, des environs de Saint Valéry. La seule façon de savoir si le vôtre est ou non fibroradié est de le casser, mais il y a de grandes chances qu’il le soit (9/10 environ).
Voilà, j’espère vous avoir renseigné. Si vous voulez de plus amples renseignements ou des sources plus précises ou savoir comment accéder à ces sources, n’hésitez pas, je vous aiderai avec plaisir, dans la limite de mes compétences.
Amicalement,
Thibault
et voilà la boucle bouclée…
Reste à voir « l’évolution » de mon échantillon…
« Ca reste un bel objet, mais je te previens tout de suite que dans quelques années, elle ne ressemblera plus a grand chose. La morphologie de ces sulfures font qu’il faut user de beaucoup de stratagèmes pour les conserver intact. » me répondit-on sur le forum :
http://forums.futura-sciences.com/geologie-catastrophes-naturelles/409841-identification-quest-jai-trouve.html
En frappant un silex sur la pyrite » homo érectus « domestiqua le feu il y a 730 .000ans. Un progrès énorme qui amènera à la céramique et métallurgie.
Autrefois on utilisait la pyrite comme pierre à fusil, un choc contre l’acier produit une étincelle.
La pyrite est constituée de bisulfure de fer, elle a un magnifique éclat doré. On l’appelle aussi l’or des fous, parce que certains orpailleurs l’ont prise pour une pépite. Quelle ne fut pas leur déception! Beaucoup d’enfants sont spontanément attirés par la pyrite. Peut-être la prennent-ils eux aussi pour de l’or.
Appelée aussi « pierre de santé » elle est utilisée en Lithothérapie…
Merci la Pyrite…