Comme je suis un couche-tard, je fais toujours le tour de mon mur, côté jardin, en pleine nuit… et ce n’est qu’à ce moment là que j’ai l’occasion de croiser les araignées nocturnes…
Une solide femelle Coelotes (vraisemblablement terrestris)…


J’ai préparé, pour un forum, un petit résumé sur les Coelotes… :
Quelle est l’historique de la nomenclature du genre Coelotes !
Elles ont été initialement rangées dans la famille Agelenidae (? je ne sais pas par qui, ni quand !), puis Amaurobiidae (par Wunderlich) (et c’est effectivement difficile de les différencier quand on a pas sous les yeux un spécimen de chaque genre… mais j’y reviendrai plus en détails ci-dessous…) pour revenir, actuellement, chez Agelenidae (par Miller) !
« Miller et al. (2010: 801) rejected Wunderlich’s (1986: 24) placement of Coelotes and allied genera as being more closely related to Amaurobius than to Agelena (coelotines were treated as a separate family by Ono, 2008)
Le texte en anglais dit en gros que Miller, en 2010, à rejeté le placement par Wunderlich, en 1986, des Coelotes et Cie chez Amaurobiidae… elles sont donc retournées chez Agelenidae !
Et c’est plus logique… Outre le fait qu’elles se ressemblent et qu’il faut un oeil aguerri pour les différencier, plusieurs détails ont leur importance…
La toile d’abord… Elle est cribellée chez les Amaurobiidae… ça veut dire qu’il y a présence d’un cribellum près des fillières et d’un calamistrum (un genre de peigne) sur les pattes IV… « suffit donc » de se focaliser sur les pattes IV et de trouver ce peigne ou l’absence de peigne (c’est possible avec une bonne macro) pour différencier la Amaurobius (avec) des Coelotes (sans)…
La soie cribellées (Amaurobius) et bleutée et cotonneuse (et efficace comme le velcro)… typique !!
Les Coelotes, elles, font une soie/toile comme celle des Tegenaria !
Pour les autres critères, les Coelotes ont un abdomen moucheté (mais variable aussi… voir ci-dessous), des chélicères proéminentes (mais ce n’est pas la seule), des pattes plus colorées (brun/roux), un céphalo plus massif et il est aussi question d’une proportion céphalothorax/abdomen mais c’est plus aléatoire car variable d’un individu à l’autre…




Pour les « chélicères plus proéminentes »… faut aussi bien regarder la robe, le folium de l’araignée car certaines autres Amaurobius (similis & fenestralis) ont aussi de fortes chélicères mais heureusement un dessin différent !!



Voici quelques « clefs » de l’arachnologue Koen Van Keer :
« Coelotes terrestris se confond aisément avec d’autres membres de cette famille (par exemple A. ferox) bien que les pattes sont en général un peu plus claires et plus brunes de couleur.
Oui, le céphalothorax est un peu plus long chez Coelotes, mais c’est ce que j’ai dit déjà dans le passé: il s’agit de caractères relatifs (donc pas vraiment utile pour des personnes qui n’ont devant soi qu’un des deux genres… »
Je lui ai aussi demandé si l’endroit de la trouvaille pourrait nous orienter :
« Oui, c’est souvent une bonne indication. On ne trouve pas souvent des A. ferox sous les troncs d’arbres morts dans les bois et on ne trouve pas souvent des Coelotes par exemple sous les couvercles des sources ou des fosses d’aisances,… Coelotes n’est pas une araignée synantrope et ne vit donc normalement pas dans ou sur les maisons. C’est une araignée des bois. Tu devrais la trouver dans la Zoniënwoud/forêt de Soignes… »
Pas synantrope, pas synantrope… J’en trouve quand même parfois sur les murs de ma maison, côté jardin !! Merci Koen !!
Une autre araignée attira mon regard… mais cela m’a demandé une véritable approche de sioux… à plusieurs reprises elle s’est enfuie dans son repaire, derrière une applique murale, me laissant seul avec sa proie… Un iule, un mille-pattes ! (merci Noushka).

A patte de velours, je suis quand même parvenu à la « fixer », une petite Steatoda triangulosa… un solide repas là !!


Alors… J’ai eu du bol car les Steatoda ont l’habitude d’arrimer leur proie et de la tracter dans leur refuge… et ce fut encore le cas ici !




Fallait être là au bon moment !!
Ensuite, mon regard fut attiré par ma vieille chatte noire qui courrait vers quelque chose dans le jardin… éclairé par un spot, il me sembla distinguer quelque chose qui s’enfuyait… Le chat restant à l’arrêt, j’ai donc été voir…
Une belle Tégénaire…

